Une vision paysanne du champagne
Je ne suis pas œnologue de formation. Je suis paysan. Ce mot, on l’a trop longtemps banni du champagne. On a voulu croire à une excellence désincarnée, à une bulle née d’un marketing parfait. Pourtant, la réalité est là : nous sommes des paysans effervescents. Nous vivons au rythme des saisons, des maladies, des décisions collectives, des aides publiques parfois absurdes. Et nous produisons un vin qui fait rêver le monde entier.
Je revendique cette paysannerie. Parce qu’elle oblige à rester enraciné. Parce qu’elle remet la main au cœur de la chaîne. Parce qu’elle rend chaque bouteille plus humaine. Dans mon quotidien, je grelotte en février, je surchauffe en juillet, je cours après les traitements préventifs, je lutte contre les ravageurs. Et malgré cela, ou à cause de cela, je veux produire un champagne sincère, lisible, nécessaire.
Je ne suis pas seul. Nous sommes des dizaines, des centaines, à partager ce chemin. Des viticulteurs qui remettent du sens dans leur métier, qui refusent les bulles standardisées, qui voient dans chaque cuvée une conversation avec l’année passée. Ce blog est né pour ça : faire circuler des idées, pas des injonctions. Raconter ce que c’est, au fond, que de braver la vigne pour faire parler la bulle.
Ici, vous ne trouverez pas de solutions miracles ni de récits aseptisés. Mais vous trouverez, je l’espère, de quoi nourrir votre réflexion, entre deux passages en cave, entre deux rangs de pinot noir ou de meunier. Car nous avons encore tant à dire. Tant à faire. Et surtout, tant à transmettre.